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MAIZET, les yeux grands ouverts

Notre commune connaît une situation géologique bien particulière, à cheval sur une plaine argilo-calcaire vers Caen et sur les derniers ressauts est, acides, grès, schistes, granit du Massif Armoricain, partagés par les gorges encaissées du fleuve côtier de l’Orne.

Ainsi, nous avons sur le territoire de la commune des essences calcicoles et acidophiles, bien différentes, qui offrent une belle diversité de paysages, de plantes et, donc, de faune sauvage. Nous sommes particulièrement gâtés à Maizet : grands espaces de plaine, prés, vergers, boqueteaux et forêt, scandés de petits cours d’eau chantant vers l’Orne majestueuse, semée de rochers.

Profitant de ce biotope particulier, nous pouvons observer nombres d’espèces, tant plumes que poils.

Dans une courbe ascendante, nous commençons par les velus.

Les colonies de lapins, hyper nerveux dès la sortie de la garenne, fuyant à la moindre alerte, agitant le gyrophare blanc de leurs postérieurs qui donnent l’alerte à leurs voisins, ne disposant pas de cri d’alarme.
Malheureusement, les lapins sont régulièrement décimés par une maladie virale hémorragique qui les foudroie en quelques minutes ; une goutte de sang sur le nez ou le postérieur en sont les symptômes.
En revanche la myxomatose semble avoir quasiment disparu.

Les portées nombreuses au printemps renouvellent les populations et l’on voit gambader, jeter des ruades de joie et de santé, les jeunes lapins dès Mars-Avril. La mère vient les allaiter régulièrement puis rebouche de son nez et pattes le terrier, afin d’effacer tout indice pour les prédateurs : chats, fouines, martres, blaireaux, renards.
Un vague cousin : monsieur le lièvre et madame hase que l’on voit parfois se figer dans le chaume des plaines, ses grandes oreilles rabattues sur le dos. La gestation s’avère particulière, la hase pouvant porter en même temps plusieurs embryons d’âge différent (superfétation).
Le sanglier se tient de jour dans les bois denses, dans les ronciers. Il vit en compagnies nombreuses, parfois de plusieurs dizaines de suidés, formées des jeunes (souvent roux) et des femelles ; les grands mâles sont tenus à distance. Une prudence s’impose face à une laie agressive, entourée de ses marcassins. C’est au crépuscule et à l’aube que chevreuils et sangliers quittent ou regagnent leurs repères, traversant les routes… prudence donc.

Comme le sanglier, le chevreuil abonde dans notre habitat qui lui est favorable. Le mâle (brocard) porte des bois, qui tombent et repoussent chaque année. Le rut a lieu entre mi-juillet et mi-Août ; le mâle dominant chasse brutalement ses rivaux et aboie : cri bref, puissant et guttural.

La femelle (chèvre) porte l’embryon qui commence à se développer plusieurs mois après (diapause embryonnaire) afin de naître à une période propice, d’Avril à Juin. On voit alors la mère en bordure des bois, avec ses deux petits échalas dégingandés aux grandes oreilles, prêts à fuir à la première alerte.

L’Orne est habitée par un animal qui revient peu à peu peupler nos cours d’eau : la loutre ! Quasi invisible car nocturne, elle trahit sa présence par ses déjections (épreintes) et ses trous sous les berges (catiches).

Ajoutons la présence du loup (!!), observée dans le Calvados le 21 Novembre près de Bayeux et qui viendra probablement visiter nos halliers alentours.

Poursuivant la courbe, nous parvenons à la plume.

Les espèces de passereaux sont très nombreuses, parfois semi migratrices, souvent superbement habillées, comme les geais, bouvreuils, pinsons, bergeronnettes, chardonnerets, mésanges, etc.

La gale qui a supprimé plusieurs années de suite de nombreux renards a permis aux perdreaux, aux faisans, de réussir leurs couvées, dont nous voyons les compagnies piéter en compagnies, en plaine.

Sillonnant l’Orne, les mouettes, goélands, sarcelles, canards, hérons cendrés, y trouvent leur pitance. Parfois, d’un large vol lent l’aigrette blanche vient se poser sur un rocher dans l’Orne, prête à harponner les poissons de son long bec. De la forme et de la taille d’un héron, l’aigrette est altière, fine et délicate dans ses mouvements, immaculée, aux pattes et bec noirs. 

Passant en escadrilles, les cormorans noirs survolent l’eau, repérant les bancs de poissons ; plongeant pour capturer leur pitance. Leur plumage n’est pas parfaitement imperméable, aussi les voit-on parfois posés, les ailes ouvertes, pour sécher les plumes.

Toujours planant sur l’eau, le rare balbuzard pêcheur qui fond sur sa proie à fleur d’eau et emporte dans ses serres le poisson resté imprudemment près de la surface. Cet oiseau est difficile à reconnaître, tant il ressemble de loin à une buse.

Un autre oiseau, naguère rarissime, qui repeuple peu à peu nos bois : le pic noir.

Comme son nom l’indique, uniformément noir, avec une huppe rouge sur le sommet du crâne.

Un peu plus grand que son cousin le pic vert, il a le même vol en vagues.

Tant la plume que le poil sont méfiants, sur l’œil, craignant pour leur vie ou celle de leur progéniture.

L’immobilité, l’effacement de notre disque facial et des mains (tête baissée, mains derrière le dos) et, pour les mammifères, surtout veiller à être sous le vent, c’est-à-dire qu’il doit provenir de l’animal observé qui dispose d’un odorat souvent supérieur à celui d’un chien, permettent des observations merveilleuses dont on conserve gravées dans la mémoire des scènes de toute beauté.

En remerciement, veillons à nous effacer silencieusement.

Guillaume de Mézerac